Open source, logiciel libre, logiciel gratuit : qui n’a jamais été séduit par la gratuité ? Mais le sont-ils vraiment ? Et comment distinguer le vrai du faux ?
L’open source séduit par ses promesses de gratuité. Or ce n’est pas le cas, ou du moins pas forcément. A qui donc la faute de cette mauvaise compréhension ? – à l’ambiguité liée au mot anglais “free” traduit par “libre” dans l’expression “logiciel libre”. A ce propos, le site web du GNU rappelle la précision suivante :
Free software is a matter of liberty, not price. To understand the concept, you should think of “free” as in “free speech”, not as in “free beer”.
Néanmois, open source, logiciel libre et logiciel gratuit prennent de plus en plus de place dans le paysage des logiciels et progiciels d’entreprise. A l’instar des des grandes organisations telles que la NASA qui ont misé sur le système d’exploitation Linux, ou des grands groupes comme TOYOTA qui a fait de l’ERP en open source Odoo la clé de leur succès, beaucoup d’entreprises et d’organisations optent pour ce type de solution.
L’objet de cet article est de faire la lumière sur chacun des concepts ci-dessus afin que vous, responsable d’organisations et d’entreprise, décidiez en toute connaissance de cause l’investissement dans un outil open source, libre ou gratuit. Quant aux arguments pour et contre, un second article suit pour en discuter.
Logiciel libre ou gratuit ?
Commençons par le plus simple : le logiciel gratuit ou gratuiciel. Comme son nom l’indique, la caractéristique principale et unique du gratuiciel est le fait qu’elle est cédée de façon gratuite à l’utilisateur. Un logiciel gratuit peut être en open source ou libre, mais peut aussi être propriétaire à l’instar du fameux logiciel “paint” de Windows.
Le logiciel libre (free software, en anglais) est, quant à lui, un concept soutenu par la Free Software Foundation (FSF). Un logiciel est considéré libre s’il satisfait aux quatre libertés fondamentales suivantes :
Liberté 0 : la liberté d’exécuter le programme comme l’utilisateur le veut, pour n’importe quel usage.
Liberté 1 : la liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de le modifier pour qu’il effectue toute tâche informatique comme l’utilisateur le souhaite ; l’accès au code source est une condition nécessaire.
Liberté 2 : la liberté de redistribuer des copies, donc d’aider son voisin.
Liberté 3 : la liberté de distribuer aux autres des copies de vos versions modifiées ; en faisant cela, l’utilisateur donne à toute la communauté une possibilité de profiter de ses changements ; l’accès au code source est là aussi une condition nécessaire.
Deux principaux avantages sont à en déduire :
- L’on peut adapter le logiciel aux besoins particuliers des organisations,
- L’on peut bénéficier des contributions des autres acteurs et leur faire bénéficier des nôtres
Attention cependant, libre ne veut pas dire gratuit. Bien que beaucoup de logiciels répondant aux quatres critères ci-dessus sont gratuits, à l’exemple des systèmes d’exploitation Linux, bon nombre de logiciels libres comme SugarCRM sont commercialisés. Notons la philosophie de la FSF à ce sujet :
« Logiciel libre » ne signifie pas « non commercial ». Un logiciel libre doit permettre l’usage commercial, le développement commercial et la distribution commerciale. Ainsi, le développement commercial de logiciel libre n’est plus l’exception ; de tels logiciels libres commerciaux sont très importants. Vous pouvez avoir payé pour obtenir une copie d’un logiciel libre ou vous pouvez l’avoir obtenu gratuitement. Mais quelle que soit la manière dont vous vous l’êtes procuré, vous avez toujours la liberté de copier et de modifier le logiciel et même d’en vendre des copies.
Le logiciel open source
Open source est un autre concept de liberté soutenu, mais cette fois-ci par l’Open Source Initiative (OSI). La qualité d’open source est attribuée à tout logiciel satisfaisant les dix critères suivants :
- Libre redistribution
- Le code source (disponibilité du)
- Œuvres dérivées (autorisation des)
- Intégrité du code source de l’auteur
- Aucune discrimination à l’encontre de personnes ou de groupes
- Aucune discrimination de domaine d’activité
- Distribution de licence
- La licence ne doit pas être spécifique à un produit
- La licence ne doit pas restreindre d’autres logiciels
- La licence doit être technologiquement neutre
Une description plus fine peut être retrouvée sur le site de l’OSI. Mais force est de remarquer que globalement, les logiciels répondant aux dix critères de l’open source satisfont également les quatres libertés fondamentales du logiciel libre. Alors pourquoi cette différence ? — Nous rejoignons l’avis de beaucoup d’observateurs tels que les blogguers de linuxfr.org. Qu’il s’agit surtout d’une différence d’approche, d’une différence de point de vue. L’approche de la FSF est principalement philosophique ; l’accent est mis sur le concept de liberté, alors que l’OSI se soucie en premier lieu de l’aspect pragmatique : la réutilisation, l’adaptation et la redistribution.
Demandez plus à Et ceterum
Que retenir de cet article ? — Que le logiciel libre ou open source n’est fondamentalement pas gratuit, bien que beaucoup le soient. Le premier intérêt de cette liberté est la libre adaptation du logiciel aux besoins des organisations. Le second est la dynamique qui entoure la liberté de redistribution, donnant naissance aux fameuses communautés d’utilisateurs et de contributeurs. C’est autour de ces deux principaux points que vont se jouer le pour et le contre lorsque vient le moment de décider d’adopter un tel logiciel.
En attendant le prochain article, n’hésitez pas à réagir à celui-ci. Par ailleurs, les consultants Et ceterum se feront le plaisir de vous apporter d’autres réponses à vos questions et vos projets, alors contactez-nous !